[Fête] La Fête des bateaux-dragons – Dragon Boat Festival 端午節
Tous les cinquièmes jours du cinquième mois lunaire, soit entre fin mai et mi-juin, les bateaux-dragons et leurs équipes de rameurs sont de sortis, principalement un peu partout en Asie, de la Chine, à Taiwan en passant par le Japon ou encore le Vietnam, pour l’une des trois plus importantes fêtes du calendrier chinois, puisque son origine remonte à plus de 2000 ans. Voici donc une petite présentation historique et sportive de cet événement incontournable.
Origine
La Fête des bateaux-dragons tire son origine du sacrifice du légendaire Qu Yuan 屈原 (343-278 avant J.-C.), poète et homme d’État très populaire et apprécié, en particulier pour sa loyauté et son intégrité, ayant vécu pendant durant la célèbre période des Royaumes Combattants (475-221 av. J-C). Descendant de la maison royale de Chu, Qu Yan fut ministre du roi Huai de Chu. Défendant une union des différents royaumes pour lutter contre le royaume de Qin, alors de plus en plus puissant, Qu Yuan 屈原 fut accusé de trahison, notamment par certains ministres jaloux et corrompus. Sa révocation est alors prononcée ainsi que son exil dans le sud de la Chine, région aujourd’hui connue comme la province du Húnán 湖南.
Malgré ce cuisant échec politique, Qu Yuan 屈原 est entré dans la légende comme le premier grand poète patriotique chinois, à travers son œuvre Lí Sāo 離騷 (Tristesse de la séparation), écrite durant son exile. C’est le premier long poème chinois, avec trois cent soixante-douze vers soit 2490 caractères, dans lequel Qu Yuan dans lequel parle de lui-même et décrivant son errance à travers le ciel 屈原. Il est le premier des poèmes conservés et la pièce maîtresse du Chǔ Cí (les Chants de Chu), l’une des deux anthologies de la poésie classique chinoise (avec le Shijing). À noter aussi que l’on attribue à Qu Yuan 屈原 la paternité de deux autres œuvres extrêmement connues, Jiǔ Gē 九歌 et Tiān Wén 天文, eux aussi compris dans le Chu Ci.
Tian Wen est un ensemble de 172 questions au ciel sur la mythologie chinoise et les croyances religieuses, mais dont le poète ne donne pas les réponses. Jiu Ge, comprend lui 11 chansons représentent certaines pratiques chamaniques de la vallée de la rivière Yangtze.
Tandis que Qu Yuan 屈原 est toujours en exil, en 278 avant JC, le royaume de Qin est conquis par celui de Chu. Voyant son pays bien-aimé tomber en ruine et dans la corruption de l’époque, le poète en a le cœur brisé. Le cinquième jour du cinquième mois, d’où le nom de Fête du Double Cinq, Qu Yuan 屈原 posa sur le papier son dernier poème, Huai sha 怀沙, puis se rendit à moins d’un mile de l’entrée de la rivière dans le lac Dongting 洞庭湖, dans la rivière Miluo 汨罗江, une pierre attachée au corps pour mettre fin à sa vie.
Il se raconte qu’à l’annonce de sa mort, la foule présente sur place se serait alors réunie pour repêcher le corps du poète, pagayant de la rivière Miluo au lac Dongting, pour repêcher son corps, voulant perturber sur leur passage les eaux, accompagnés de tambours et boulettes de riz emballé dans des feuilles de bambou jetées à l’eau, afin que les poissons ne mangent pas le corps du poète. C’est ainsi que pour honorer son sacrifice, la fête des bateaux-dragons se tient chaque année.
A la même époque, sur les rives du Yangzi Jiang, au début de la saison des grandes chaleurs et des épidémies, on célébrait par un rite, le réveil du très vénéré dieu dragon en hibernation. Cette cérémonie incluait des combats de bateaux où la noyade de certains participants étaient considérés comme un sacrifice. Notion de sacrifice que l’on retrouve aussi dans la mort de Qu Yuan.
Rapidement, la course des bateaux-dragons est devenu une tradition annuelle dans les pays de Chu, Wu 吴 et Yue 越. Au cours des siècles, ce festival s’est propagé dans toute la Chine. Avec les vagues d’immigration, cette tradition a aussi été adoptée au Japon, au Vietnam, au Royaume-Uni ou même encore au Canada.
Traditions et nourriture
La célébration de cette journée est marquée par différents éléments. Tout d’abord, la réalisation et dégustation de Zòngzi 粽子. Il s’agit de riz gluant (une variété plus collante que celui utilisé habituellement) souvent fourré, enveloppé dans des feuilles de bambou, et cuit à la vapeur ou à l’eau. Les Zongzi 粽子 descendraient directement de ceux que les villageois ont jeté aux poissons pour les détourner du corps du Qu Yuan, comme je l’ai expliqué un peu plus haut. La culture traditionnelle chinoise mettant l’accent sur le maintien de l’intégrité du corps des personnes mortes, ceci est clairement illustré à travers cette légende. Côté boisson, le vin réalgar est à l’honneur. Dans la Chine antique, on croyait que le réalgar était un antidote à tous les poisons, ainsi que très efficace pour chasser les mauvais esprits et tuer les insectes. Donc il était de coutume de boire du vin réalgar durant la période du festival.
Durant le festival, il est aussi de coutume de porter des petits sachets de soie avec un fil de cinq couleurs et de différentes formes (animaux, fruits, plantes) et emplis de poudre de parfums venant de différentes herbes chinoises, afin de protéger les enfants contre le mal. Il n’est donc pas rare de rencontrer des enfants en arborer sur leurs vêtements durant le festival. De même, une autre coutume est de lier ces petits sachets aux poignets, chevilles et autour de leur cou. Le fil de cinq couleurs revêt alors une importance toute particulière puisqu’il est censé contenir des propriétés magiques et curatives. Les enfants ne sont pas d’ailleurs pas autorisés à parler pendant que leurs parents les attacher, ni ne peuvent les retirer. C’est seulement après la première pluie d’été qu’ils peuvent les jeter dans la rivière, afin de les protéger de la peste et des maladies. De nous jours, cependant, tout ça est principalement porté en tant que décoration.
On en retrouve aussi accrochés des deux côtés des maisons. Dans les temps anciens, moustiques, mouches et autres insectes se pullulaient avec la chaleur de l’été, et avec le risque de nombreuses maladies infectieuses. Ils sont composés d’armoise (considéré comme ayant des effets médicinaux), de feuilles d’iris taillées comme des brindilles (pour chasser les esprits maléfiques) et de banian (symbolisent la bonne santé).
Compétition
La course des bateaux-dragons en elle-même est un véritable sport internationalement reconnu, notamment depuis les années 80 (ce qui a aussi permis de mettre en place des règles standards), faisant partie des disciplines connaissant la plus forte croissance dans le monde. La fédération internationale de bateau-dragon, la IDBF, regroupe d’ailleurs plus de 50 fédérations nationales et les 60 millions d’adeptes en font l’un des sports d’équipe le plus pratiqué au monde. Chaque bateau-dragon se compose de 22 membres, 20 pagayeurs, alignés sur dix rangées de sièges, un batteur et un barreur. Les courses se déroulent généralement sur des distances de 250 m, 500 m et 1000 m pour un rythme d’environs 80 coups de pagaie à la minute.
Ce festival n’est une fête nationale en Chine que depuis 2008, et a été intégré au patrimoine mondial immatériel par l’Unesco l’année suivante, en 2009.
Sources : Wikipédia, Unesco, Epoch Times, Taiwan Festival, Sina, Travel China Guide, Taiwan Tourism Bureau.
Crédits Photos : Shihmei Barger 舒詩玫 (Zòngzi 粽子).